Manager introverti vs manager extraverti ?

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Nous vivons dans une société de l’idéal extraverti. Se détacher des autres, se montrer à l’aise et entreprenant est extrêmement valorisé socialement. Dans son ouvrage « La force des discrets, le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard»*, Susan Cain remet en cause cette survalorisation et étudie de façon approfondie les atouts méconnus des introvertis. Sur le sujet spécifique du management, chacun des deux types de personnalités présente des avantages bien différents.

Qu’entend-t-on par introversion et extraversion ?

Les termes d’introverti et d’extraverti sont réellement popularisés par C. Jung comme les fondements de la personnalité humaine. D’autres chercheurs se sont frottés à cette catégorisation depuis, en la récusant parfois, toutefois, tous sont d’accord sur le fait que extravertis et introvertis diffèrent sur leurs besoins en matière de stimulation extérieure.

Les extravertis ont besoin de plus de sollicitations extérieures tandis que les introvertis trouveront leur équilibre avec moins de stimulation.  Les premiers sont ceux qui mettent de la vie dans les soirées, ils sont en général plein d’aisance et ont un comportement dominant. A l’inverse, les introvertis peuvent être très à l’aise socialement mais préfèreront les échanges en petit comité, avec leur proches et leur famille.

Leur façon de travailler diffère également : les extravertis ont tendance à s’atteler vite à leurs obligations, ils prennent des décisions rapides, aiment courir des risques et être multitâches. Ils apprécient l’adrénaline et sont sensibles à la reconnaissance comme l’argent et le statut social.

A l’inverse, les introvertis œuvrent plus lentement et de façon plus raisonnée. Ils aiment se concentrer sur un problème à la fois et ont souvent de grandes capacités de concentration. Enfin, ils sont relativement insensibles à la reconnaissance sociale.

Extraversion et leadership

La société a progressivement construit un mythe du leader charismatique, qui agit avec confiance et prend des décisions sans toujours disposer de toutes les informations. L’assertivité est une qualité mise en avant et il a été démontré que les individus bavards sont considérés comme plus intelligents que les discrets, même si des tests d’intelligence prouvent que c’est inexact. Plus quelqu’un parle, plus il attire l’attention du groupe, ce qui veut dire qu’il gagne en puissance à mesure que la réunion progresse. Parler vite est également un atout, cela fait apparaître plus compétent et plus séduisant. Ainsi, nous avons tendance à suivre ceux qui initient l’action, quelle qu’elle soit et il en va de même avec les orateurs dynamiques, au risque de donner moins d’importance au fond. Le choix des managers en entreprise peut refléter ce penchant à être plus séduit et convaincu par quelqu’un d’extraverti.

Avantages / inconvénients d’un manager extraverti vs introverti sur le groupe

Une étude d’Adam Grant, professeur de management à Wharton donne des clés de compréhension sur la différence entre manager extraverti ou introverti. Il tend à montrer que certaines organisations ou contextes s’accordent mieux à un mode de direction extraverti et d’autres à un mode introverti.

Son étude montre que les patrons extravertis sont à même de stimuler les résultats d’un groupe lorsque les employés sont passifs, tandis que les introvertis ont de meilleurs bilans quand les employés sont proactifs. En effet, les managers introvertis sont beaucoup plus enclins à suivre les suggestions de leurs employés proactifs car ils ont une inclination naturelle à écouter les autres et n’attache pas ou moins d’importance à la domination sociale. Ils sont ainsi à même de tirer parti des talents de leurs équipes et les encourager à prendre des initiatives. Autrement dit, ils créent un cercle vertueux de proactivité. Les extravertis, en revanche, mettant plus d’importance à apposer leur pâte sur les évènements et risquent de passer à côté des bonnes idées de leurs collaborateurs, ce qui les incite à s’installer dans la passivité. Cependant, avec leur tendance naturelle à inspirer les troupes, ces extravertis obtiendront de meilleurs résultats avec des employés passifs.

En matière de promotion et de recrutement, ces éléments peuvent ainsi des donner des clés pour choisir au mieux les managers qui seront les plus efficaces en fonction de l’environnement de travail.

* La force des discrets, le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard, de Susan Cain , ed. JC Lattès

Maud Cornet
Comité de rédaction ELEGIA

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