Focus sur : le TAM (Technology Acceptance Model) pour une meilleure compréhension de l’échec (relatif) du e-learning ?

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Le e-learning a nourri beaucoup d’espoirs dans le milieu de la formation. Pour les responsables formation, le e-learning apparaissait comme un eldorado pour son attrait économique. Dans la logique financière actuelle du « faire plus avec moins » que l’on retrouve sur marché de la formation le e-learning a semblé être une solution optimale. Après plus d’une décennie, le e-learning, malgré quelques très bons produits, peine à s’imposer dans le champ de la formation professionnelle comme l’indique les forts taux d’abandon. Mais alors comment expliquer ces faibles taux de complétude ? Est-ce un problème technique ou est-ce bien plus profond que cela ? Tentative d’explication.

Un problème d’adhésion aux technologies

Lorsque l’on parle de e-learning, on peut faire un lien direct avec les nouvelles technologies. Davis, Bagozzi et Warshaw (1989) proposent une « grille de lecture » pour mieux comprendre l’utilisation des nouvelles technologies, il s’agit du TAM (Technology Acceptance Model).

  • Variables externes : Variables externes à l’individu qui peuvent le pousser à repenser l’utilisation de la technologie en question. Exemple pour un dispositif de formation : L’agenda chargé d’un juriste qui le pousse à revoir son jugement par rapport à la technologie car elle lui permet d’être plus flexible
  • Perception d’utilité ou Utilité perçue : L’utilité perçue de la technologie peut être définie comme étant les perceptions, par les individus, des gains de performance résultant de l’utilisation des technologies. Par exemple, si un juriste voit l’utilité dans l’utilisation d’un module e-learning il se formera suivant cette modalité. Il est important de noter que ce processus est interne et que c’est à l’apprenant lui-même de trouver de l’utilité dans l’utilisation des capsules e-learning.
  • Perception d’utilisabilité ou Facilité d’usage : Les perceptions d’utilisabilité de la technologie traduisent les jugements portés par les individus sur les efforts requis pour pouvoir utiliser la technologie. Les efforts requis sont essentiellement déterminés par la facilité d’utilisation des outils.
  • Attitude à l’égard de l’usage : L’attitude est le jugement positif ou négatif, favorable ou défavorable à l’utilisation de la technologie
  • Intention comportementale d’utiliser : Intention de l’individu d’utiliser la technologie
  • Utilisation de la technologie : Utilisation de la technologie par l’individu

D’après le TAM, les logiciels employés, l’ergonomie de la plateforme, ou la qualité technique des modules peuvent être un frein à l’utilisation des technologies. Il en va de même pour les conditions matérielles d’utilisation de ces capsules e-learning. D’où la nécessité de proposer aux apprenants des conditions favorables pour se former à distance (en proposant par exemple des temps ou/et des espaces dédiés). Donc en ce qui concerne le e-learning,  cela pourrait expliquer pourquoi autant d’apprenants ne vont pas au bout de leur parcours

Un problème de relations sociales

Selon Deci et Ryan (2000), l’individu a trois besoins fondamentaux qui sont à la base de toutes les motivations : un besoin d’autonomie, c’est-à-dire le besoin d’être à l’origine de ses propres actions, c’est le principe d’auto-détermination. Un autre besoin de compétences, en d’autres termes, il s’agit d’utiliser ses capacités à bon escient. Il sera très difficile pour un individu d’effectuer une tâche pour laquelle il est sur ou sous-qualifié dans son cadre professionnel. Le dernier besoin de base, et celui qui va nous intéresser, est le besoin de relations sociales. Dans le cadre du e-learning les deux premiers besoins fondamentaux sont remplis. Cependant, en étant abandonné devant son écran, l’apprenant ne comble pas son besoin de relations sociales. Il est donc fort probable que le sentiment de solitude que ressent l’apprenant soit à l’origine de l’échec du e-learning.

Alors, tout n’est bien entendu pas négatif dans l’utilisation du e-learning. Des axes sont d’améliorations sont possibles, un travail d’accompagnement du changement, en prenant par exemple soin de bien expliquer les technologies, et accompagner les apprenants tout au long de leurs parcours (en incorporant le manager) semblent être deux axes primordiaux pour une stratégie e-learning efficace.

 

Paul-Augustin DENNERY, ingénieur pédagogique chez ELEGIA Formation

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