Le burn-out reconnu par l’OMS : qu’est-ce que cela change ?

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L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est réunie fin mai pour sa 72e session. A cette occasion, le burn-out a fait son entrée dans la « classification internationale des maladies » établie par l’organisation. Quels vont être les effets de cette décision importante ?

Le burn-out reconnu comme « phénomène lié au travail »

Le burn-out (épuisement professionnel en français) désigne un épuisement particulièrement intense et a été identifié dès les années 1970. Pourtant, il n’apparaît dans aucune classification médicale internationale ni en tant que maladie professionnelle tant à l’échelle de l’union européenne qu’en France.

La décision de l’OMS est donc marquante : le burn-out est désormais officiellement reconnu comme « phénomène lié au travail ». Les mots ont leur importance : en tant que « phénomène », le burn-out n’est pas une maladie mais plus généralement un « phénomène associé à l’emploi ou au chômage » ; il n’est pas considéré par l’OMS comme un « facteur influençant la santé » mais davantage comme une conséquence d’une situation de stress professionnel chronique.

En effet, la définition retenue par l’OMS dans sa classification [i] est (traduction personnelle de l’auteur) : « L’épuisement professionnel est un syndrome résultant d’un stress professionnel chronique qui n’a pas été géré avec succès. Il est caractérisé par trois dimensions : (1) un sentiment de perte totale d’énergie (épuisement), (2) une prise de distance importante vis-à-vis de son travail, un accroissement des émotions négatives ou de cynisme vis-à-vis de son emploi et (3) une perte d’efficacité professionnelle. Ce syndrome fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie. »

 

Qu’est-ce que cette reconnaissance va changer ?

Et bien… pas grand chose malheureusement. La nouvelle classification de l’OMS ne rentrera en vigueur qu’au 1er janvier 2022. Les changements se feront peut-être attendre passé cette date.

Mais cette décision est symbolique et est déjà importante. La classification de l’OMS sert de base pour harmoniser le vocabulaire et les pratiques médicales partout dans le monde. L’OMS défriche ainsi de nouveau territoires (un autre nouvel entrant dans la classification est la dépendance aux jeux vidéos). Certaines maladies actuelles ont d’abord été identifiées comme « phénomènes » avant de changer de statut (par exemple, la fibromyalgie). Le burn-out suivra peut-être le même chemin, mais cela prendra du temps.

En attendant, cette décision donne de l’eau au moulin de celles et ceux qui réclament un tableau de maladie professionnelle sur le burn-out. Pour les élus, cette classification de l’épuisement professionnel est un nouvel argument pour inciter à davantage de prévention des risques psychosociaux au sens large.

 

Stéphan Pezé
Consultant-formateur Santé et Sécurité au travail
Formateur pour ELEGIA

Auteur de « Les risques psychosociaux : 30 outils pour les détecter et les prévenir »,
Collection « Lire Agir » aux Editions Vuibert

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